Jean Pierre Abel-Rémusat s’intéressa très jeune au monde chinois alors très mal connu. Il en apprit seul la langue, dans des conditions très difficiles, tout en poursuivant ses études à la Faculté de Médecine de Paris.
Il n’avait que 23 ans quand il publia son premier Essai sur la langue et la littérature chinoise. En 1814 est créée pour lui la première chaire de chinois au Collège de France. Il devient ainsi le fondateur des études chinoises en Occident.  
Son enseignement attire à Paris des étudiants de toute l’Europe. En 1821, il publie la première grammaire (langue écrite et parlée) qui sera utilisée pendant tout le XIX° siècle. Conservateur des manuscrits et imprimés chinois à la Bibliothèque Royale, il traduit les premiers textes du Taoïsme, de Confucius, et le Foé Koué Ki, récit d’un moine chinois à la recherche des sources du bouddhisme en Inde. En relation avec savants et lettrés de toute l’Europe, il est ainsi un des principaux acteurs de la “Renaissance Orientale” qui va ouvrir au monde occidental les richesses des cultures asiatiques. La parution en 1826 d’un roman traduit du chinois, Les deux cousines, connaît un succès international : on en trouve l’écho chez Goethe, Edgar Poe, Stendhal ou Victor-Hugo  !  
En 1830, il épouse Jenny, fille du général Lecamus, maire de St Fargeau, propriétaire du château de Moulignon. Mais il meurt prématurément deux ans plus tard, “laissant derrière lui des disciples et  une oeuvre  écrite (mais aujourd’hui bien oubliée) qui mettait la France au premier rang de la sinologie dans le monde occidental”(Encycl.Unversalis).
 Présentation de la première version de ces pages en 2001.

« Aujourd’hui bien oubliée ». Désormais, cette phrase est obsolète. Les travaux concernant Abel-Remusat se sont multipliés. « La célébration du bicentenaire de la chaire d’études chinoises au Collège de France a honoré dûment l’œuvre impressionnante d’AbelRémusat. » Les vidéos du Collège (sur Youtube) en témoignent, ainsi que de nombreuses publications scientifiques, en particulier dans le domaine de la linguistique. Son oeuvre est de plus en plus connue et reconnue.
Mais la naissance et l’explosion du Web ont ouvert un immense champ de sources diverses: oeuvres originales, presse d’époque et publications récentes, archives numérisées, sites de généalogie et moteurs de recherches. 
Elles nous permettent de pressentir derrière le savant de cabinet, cloitré dans ses bibliothèques, un personnage plus complexe que ne laissent  croire les articles quasi hagiographiques de la plupart des encyclopédies de l’époque. Quelques biographies ou articles de journaux (en essayant de lire entre les lignes) nuancent les abondants portraits plus qu’élogieux. Mais surtout, la correspondance « privée » d’Abel-Remusat est devenue plus accessible. Les lettres à Jeandet et Weiss et le journal de celui-ci révèlent des épisodes de sa vie peu connus jusqu’ici mais nous posent d’autres questions.

Je ne suis pas « orientaliste », à la rigueur « médio-orientalisant ». Après de très lointaines études (histoire et langues orientales), j’ai vécu et travaillé plus de trente ans dans le monde arabo-musulman du Maroc à l’Iran. C’est au moment de ma retraite, arrivé par un heureux hasard, dans un village de Seine  et Marne, que j’ai découvert Abel-Remusat. Nous avons été voisins pendant plus de vingt ans puisque sa tombe se trouvait de l’autre côté du mur de mon jardin!  J’ai souhaité faire plus ample connaissance et en 2001 (avec son accord tacite ?) j’ai publié sur le web quelques pages le concernant (https://jeanrobert34.com/). A la demande de quelques amis, je vais essayer de « revisiter » l’essai de 2001. J’ose espérer, qu’avec les commentaires de mes lecteurs, et si Dieu me prête vie, nous pourrons mieux connaitre cet être fascinant.

« Aujourd’hui bien oubliée »: toujours d’actualité! Si l’oeuvre d’Abel-Remusat est aujourd’hui largement connue des spécialistes, sa vie demeure inconnue du grand public. Il n’existe aucune biographie récente de lui. Le médecin et sinologue Knud Lundbaek en préparait une, peu de temps avant sa mort en 1995. Il en avait présenté quelques notes au congrès de sinologie de Chantilly 1992. La commune de Saint Fargeau-Ponthierry, où Abel s’est marié et où il est enterré, est, à ma connaissance, la seule en France à lui avoir consacré une rue!
 

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